Une quarantaine de personnes se sont rassemblées à Bacalan pour commémorer le massacre du 17 octobre 1961. Après plusieurs prises de paroles, des roses blanches ont été jetées dans la Garonne
« Commémorer c’est se remémorer. Oublier, c’est rendre ces morts inutiles. » Le président de la Fédération Franco-Algérienne d’Aquitaine Plus (FFAAP) Saïd Boudjema est grave. Ce dimanche 17 octobre marquait les 60 ans du massacre de 1961, où une centaine de manifestants algériens ont été tués par la police…
Au lendemain d’une cérémonie où le président Emmanuel Macron a dénoncé des « crimes inexcusables pour la République », une quarantaine de personnes se sont réunies à Bacalan. Si Saïd Boudjema salue « le grand pas fait par le président », il estime que ce n’est pas encore suffisant.
Reconnaître un crime d’État
« C’est une avancée indéniable, mais nous attendons qu’Emmanuel Macron engage la responsabilité de l’État français dans ce massacre », explique-t-il. À l’instar du président de la FFAAP, Vincent Maurin, maire adjoint du quartier Bordeaux maritime, juge « qu’il faut aller plus loin et reconnaître le crime d’État. »
Dans le public, on partage l’avis des représentants. « Il y a eu des morts et on n’a pas réellement de coupable. C’est dramatique », se désole Lakhdar, qui commémore cette journée « depuis tout petit ». Pour Yacine, l’apaisement passe également par la transmission : « J’ai une fille de 12 ans, j’aimerais qu’à l’école on lui enseigne cette partie de l’Histoire. Ce n’est que comme ça qu’on pourra avancer », explique le commerçant.
Problème soulevé à plusieurs reprises : le manque d’accès aux archives. « Pour le devoir de mémoire, il faut qu’on y ait accès. Là, ça participe au sentiment de nombreux Franco-Algériens, qui ont du mal à se sentir français », déplore Rosa Ould Ameziane, représentante de l’antenne de Bègles de la Ligue des droits de l’Homme.
60 ans après le massacre, une partie des archives reste encore confidentielle. Le premier bilan officiel, faisant état de trois morts, n’a été corrigé qu’en 1991 par l’historien Jean-Luc Enaudi, qui évoquait au moins 200 morts. Encore aujourd’hui, des doutes persistent sur le réel bilan de cette dramatique soirée.
Source : Article Sud-Ouest
0 commentaire